Sulfates et produits d’hygiène : un mariage potentiellement irritant

Sulfates et produits d’hygiène : un mariage potentiellement irritant

Au dos de chaque bouteille de shampooing et de savon, la liste des ingrédients chimiques utilisés pour leur fabrication est détaillée. Vous êtes-vous déjà demandé ce que sont ces substances et pourquoi il y en a autant pour un simple savon ?


La qualité et la durée de conservation des savons et shampooings ont considérablement évolué au cours des dernières décennies. Ils sont stables pendant longtemps, sentent bon, se déclinent en une multitude de formes et s’adaptent à divers usages. Il n’est donc pas surprenant que la liste des ingrédients chimiques nécessaires à leur fabrication se soit allongée et complexifiée. Couleurs, parfums, émulsifiants, tensioactifs, stabilisants et détergents ne sont que quelques-uns des groupes de substances couramment utilisés. Cependant, cette évolution a également augmenté le potentiel de certains composants à être nocifs ou irritants pour des personnes.



SLS et SLES : deux composés persistants

Le laurylsulfate de sodium (SLS) et son dérivé, le laurethsulfate de sodium (SLES), sont des tensioactifs et des détergents anioniques couramment utilisés. Ces substances réduisent la tension superficielle, facilitant ainsi l’élimination de la saleté et des substances grasses. On les retrouve dans de nombreux produits de soins personnels, allant du dentifrice aux savons et shampooings, mais aussi dans des agents de nettoyage à usage industriel. Peu coûteux et très efficaces, ces composés sont prisés pour leur capacité à produire une mousse abondante et durable.

Cependant, ces deux composés sont dérivés de ressources non renouvelables et ne sont pas biodégradables. Le SLES est considéré comme moins nuisible pour l’environnement que le SLS, car il peut se dégrader en présence de lumière solaire et d’oxygène, tandis que le SLS peut persister longtemps dans l’environnement.

Figure 1 : Structure chimique du laurylsulfate de sodium. Le « n » représente un nombre d’éléments répétés à l’intérieur des crochets. Le laurethsulfate de sodium présente une structure similaire, mais sans les éléments répétés.



Pas sans risques

Bien que le SLS et le SLES soient considérés comme sûrs pour un usage humain, ils ne sont pas sans risque. Ils sont classés comme ingrédients « généralement reconnus comme sûrs » (GRAS) par la FDA américaine et ne sont pas considérés comme cancérigènes à faibles concentrations. Cependant, leurs propriétés tensioactives, qui éliminent les huiles de la peau et des cheveux, les rendent irritantes pour certaines personnes. Le SLES est généralement moins agressif que le SLS, mais une utilisation prolongée des deux peut provoquer des irritations cutanées, exacerber des problèmes tels que l’hypersensibilité de la peau, les plaques sèches, la dermatite séborrhéique et d’autres formes de dermatite.

Ils peuvent également fragiliser les follicules pileux et affaiblir les cheveux en restant autour de la tige capillaire et en perturbant la peau environnante. Si ces substances sont ingérées, elles peuvent également aggraver ou provoquer des ulcères buccaux.

Un autre sujet d’inquiétude concerne la pureté du SLS et du SLES, qui peuvent être contaminés par de l’oxyde d’éthylène et du 1,4-dioxane, deux substances reconnues comme cancérigènes. L’oxyde d’éthylène peut également nuire au système nerveux et est classé comme toxique potentiel pour le développement humain. Le 1,4-dioxane peut être éliminé des cosmétiques lors du processus de fabrication par une technique appelée "stripping sous vide", mais aucune réglementation n’oblige les fabricants à prouver cette purification aux consommateurs.



Attention peaux sensibles

Le SLS et le SLES sont des outils puissants pour nettoyer toutes sortes de surfaces, de la peau et des cheveux en passant par les vêtements et les sols. Leur efficacité réside précisément dans leur agressivité en tant que tensioactifs, leur coût réduit et leur facilité de production à grande échelle. Cependant, pour les personnes à la peau sensible, ils peuvent être trop agressifs et aggraver les irritations cutanées. Heureusement, des alternatives existent, comme les savons et shampooings sans sulfates, qui utilisent d’autres types de détergents anioniques.



Recherche passée et future

Il n’existe actuellement aucune recherche en cours sur le SLS ou le SLES. La dernière étude d’évaluation de leur sécurité, publiée dans l’International Journal of Toxicology, date de 1983. À cette époque, l’utilisation de ces composés était bien moins répandue qu’aujourd’hui. Revisiter ces études, plus de 40 ans plus tard, à une époque où les concentrations sont plus élevées et où les équipements de recherche sont plus performants, serait une opportunité précieuse pour mieux comprendre leur impact dans nos produits du quotidien.



References:

  1. Kurt Kosswig,"Surfactants" in Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry, Wiley-VCH, 2005, Weinheim. doi:10.1002/14356007.a25_747
  2. Nassif A, Chan SC, Storrs FJ, Hanifin JM (November 1994). "Abnormal skin irritancy in atopic dermatitis and in atopy without dermatitis". Arch Dermatol. 130 (11): 1402–07. doi:10.1001/archderm.130.11.1402. PMID 7979441.
  3. 7 Final Report on the Safety Assessment of Sodium Lauryl Sulfate and Ammonium Lauryl Sulfate. Journal of the American College of Toxicology. 1983;2(7):127-181. doi:10.3109/10915818309142005
  4. Environmental Health Association of Nova Scotia. „Guide to Less Toxic Products.“ Halifax: EHANS, 2004.
  5. "NICNAS SLES animal test". Archived from the original on 26 June 2018. Retrieved 3 November 2013.
  6. "Final report on the safety assessment of sodium laureth sulfate and ammonium laureth sulfate". Journal of the American College of Toxicology. 2 (5): 1–34. 1983. doi:10.3109/10915818309140713. S2CID 208502361.


Commentaire ( 1 ) :
L
luna.glow

mardi 14 janvier 2025

Répondre

" Wow, je savais pas que le SLS et le SLES pouvaient être aussi problématiques... Va falloir que je checke mes produits "

11 décembre 2024
Auteurs
Partager
Catégories

Cela pourrait vous intéresser :

S'inscrire à notre newsletter

Nous publions du contenu régulièrement, restez à jour en vous abonnant à notre newsletter.